Qui est Toto Wolff ?

La seconde moitié des années 2010 a été dominée de la tête et des épaules par Mercedes. De nombreux acteurs sont responsables de cette réussite : Ross Brawn a initié le projet dès 2009 en rachetant Honda, Michael Schumacher a fait son retour pour aiguiller l’équipe tandis que Niki Lauda parvenait à attirer Lewis Hamilton dans le garage. Mais ce serait une grossière erreur d’oublier un homme dans ce conte de fée qu’est la réussite de Mercedes : Toto Wolff.

Arrivé chez Mercedes en 2013, Toto Wolff n'a connu que des succès au sein de l'écurie. À moins de 50 ans, il possède le plus beau palmarès de l'histoire pour un directeur d'écurie.
Toto Wolff est l’un des architectes de la réussite outrageuse de Mercedes (©DPPI)

Un passé de pilote

L’Autrichien de 48 ans n’est pas arrivé aux commandes de Mercedes AMG F1 du jour au lendemain. Au contraire, il apparaît pour la première fois dans le monde de la F1 à l’âge de 39 ans, quand il devient actionnaire de l’écurie Williams. Mais que faisait-il donc avant ?

Toto Wolff (de son vrai nom Torger Christian Wolff) a découvert les sports mécaniques à l’âge de 17 ans, quand un ami l’emmène sur le Nürburgring. Après une adolescence difficile (son père décède d’une tumeur au cerveau et vit une vie modeste, ce qui lui donnera « une motivation supplémentaire de réussir« ), sa carrière démarrera réellement quand il roulera en Formule Ford autrichienne en 1992, puis en Allemagne en 1993 et 1994. Mais le natif de Vienne ne restera pas longtemps au volant d’une monoplace, et alors qu’il roule désormais en GT, il remportera sa première victoire de renom : les 24 heures du Nürburgring. La carrière du pilote se poursuivra dans ces catégories, sans qu’il ne connaisse un véritable succès : il terminera sixième de l’ancien championnat FIA de GT en 2002, avant de s’engager dans le championnat italien. En 2006, Wolff change une nouvelle fois de terrain de jeu et participe désormais au championnat autrichien de rallye. Une bonne décision, puisqu’il terminera deuxième en fin de saison. Un an plus tôt, il prenait même part au rallye WRC d’Allemagne, où il se classera 32ème au volant d’une Mitsubishi Lancer Evo VIII. Cependant, il ne délaisse pas le GT et remportera les 24 heures de Dubaï la même année.

Avant de devenir l’homme qu’il est aujourd’hui, Toto Wolff n’a pas facilement lâché le volant et a opéré comme moniteur pour l’école de pilotes Walter Lechner. En 2009, il signera également le record du tour sur la Nordschleife en Porsche RSR, juste avant de connaître un sérieux accident qui le laissera insconscient.

Du volant aux investissements

Alors qu’il pilote encore, Toto Wolff prépare déjà sa retraite sportive, où il souhaite continuer dans la voie du sport automobile.

HWA est l'une des nombreuses entreprises auxquelles Toto Wolff était lié. D'abord fabricant de moteur de F3 et responsable du programme Mercedes en DTM, HWA s'est diversifié et possède aujourd'hui deux écuries, en F2 et en F3.
HWA, autrefois détenue à 49% par Wolff, est aujourd’hui présente en F3 et en F2 (©HWA)

En fait, l’Autrichien pouvait déjà être considéré comme homme d’affaire dès 1998, quand il fondait deux sociétés d’investissement (les deux étant dédiées à Internet et aux nouvelles technologies). La première, Marchsixteen, lui permettra d’investir quelques années plus tard pour accéder à la Formule 1. À ce moment là, ses dépenses ne sont pas liées à sa vocation : il faudra attendre 2006 et sa prise de participation à hauteur de 49% dans le groupe HWA AG, en charge alors du programme Mercedes en DTM et fabricant de moteurs de Formule 3. Wolff conservera ses parts jusqu’en 2015, alors que l’entreprise allemande est aujourd’hui présente en Formule 2 et Formule 3. Avec Mika Hakkinen, il se lancera également comme manager de pilotes et prendra sous son aile un certain Valtteri Bottas.

C’est en 2009, soit l’année de son violent accident au Nürburgring, que l’Autrichien fait son entrée en Formule 1. Il investit dans l’écurie Williams au point de posséder 15% de l’équipe, tandis qu’il est nommé directeur technique en 2012. C’est sous ses ordres que l’écurie décrochera sa dernière victoire en date en Formule 1, lors du Grand Prix d’Espagne, avec le tremblement de terre signé Pastor Maldonado. La même année, il est contacté par Mercedes, qui se séparera de Ross Brawn à la fin de la saison 2013. C’est un an avant le basculement vers les moteurs V6 hybrides, et donc aux prémices de la domination des Flèches d’argent, que Toto Wolff prendra les commandes de la marque à l’étoile en Formule 1. La suite n’est qu’histoire : sa complémentarité avec son compatriote Niki Lauda, directeur non-exécutif de l’écurie et personnage fondamental dans les venues de Wolff et Hamilton, sera l’une des clés du succès de Mercedes. « L’alliance du talent d’entrepreneur de Toto et de l’expérience de Niki fonctionne à merveille, et leurs résultats ont dépassé toutes nos espérances« , disait le PDG du groupe Daimler, Dieter Zetsche. Aujourd’hui, alors qu’il n’a que 48 ans, Toto Wolff détient 30% du capital de Mercedes AMG F1 (sa fortune personnelle est estimée à 400 millions d’euros) et possède le plus beau palmarès de directeur d’écurie de l’histoire (six titres pilotes et six titres constructeurs).

Le futur président de la FIA ?

Bien que Wolff soit la personnification de la réussite, quelques difficultés, qui peuvent être considérées comme mineures aujourd’hui, sont venues entraver le travail de l’Autrichien. La gestion du duo Hamilton – Rosberg aura donné du fil à retordre au directeur d’écurie, qui a appelé son ancien protégé Valtteri Bottas pour succéder au champion du monde allemand. Plus récemment, la gestion du cas d’Esteban Ocon a remis en cause la légitimité du programme de jeunes pilotes de Mercedes. Sans volant l’an passé, le Français est chanceux de revenir en Formule 1 pour 2020, mais son avenir aurait pû être tout autre. À quoi bon investir des millions d’euros dans un programme pour jeunes si ceux-ci n’ont pas le privilège de piloter pour la marque ? Les doutes pourraient cependant être facilement dissipés en cas de remplacement de Bottas par George Russell l’an prochain. Les deux pilotes ont beaucoup à prouver pour continuer l’aventure chez Mercedes.

Toto Wolff a déjà dépassé Jean Todt sur le plan du palmarès en F1 : passera-t'il également devant le Français pour prendre les commandes de la FIA ?
Passation de pouvoir en vue entre les deux hommes ? Réponse en décembre 2021 (©Mercedes)

D’un autre côté, et bien que Wolff n’ait rien connu d’autre que le succès chez Mercedes, l’Autrichien pourrait avoir des envies d’ailleurs pour relever un nouveau challenge. Fin 2021, Jean Todt arrivera à la fin de son troisième et dernier mandat de président de la FIA. Et Toto Wolff fait office de candidat pour reprendre les rênes…

Pourtant, l’Autrichien est également annoncé du côté d’Aston Martin. La firme britannique signera son grand retour en Formule 1 l’an prochain, et les rumeurs autour de l’arrivée de Wolff prennent de l’ampleur. Celui qui dirige actuellement l’écurie championne en titre n’était pas présent lors de la dernière réunion téléphonique entre directeurs (qui devait aiguiller le futur du sport face à la crise du Covid-19), tout comme Lawrence Stroll, président de Racing Point et actionnaire majoritaire chez Aston Martin. Les deux hommes auraient même quitté l’Australie ensemble, après l’annulation du Grand Prix à Melbourne. Une rumeur démentie par Mercedes, mais dans le sport automobile (et encore plus en Formule 1), tout peut encore arriver.

Les Wolff ne viennent pas du monde du sport automobile, mais ne sont décidément pas prêts à le quitter. Sa femme, Susie Wolff, dirige l’équipe Venturi en Formule E. « À table, on ennuie tout le monde avec nos discussions de patrons d’écuries« , disait en rigolant Toto. Les trois enfants devront peut-être s’habituer aux discussion du futur président de la FIA.

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