Le transfert de Fernando Alonso chez Aston Martin est-il un mauvais choix ?

Après l’annonce de la retraite de Sebastian Vettel jeudi dernier, c’est une nouvelle bombe en provenance d’Aston Martin qui vient d’exploser : Fernando Alonso rejoindra les rangs de Silverstone en 2023. Un choix surprenant à première vue. Mais est-il forcément mauvais ?

Fernando Alonso lors du Grand Prix de Hongrie 2022.
C’est la bombe du marché des transferts : Alonso pilotera chez Aston Martin en 2023 ! (©EFE)

Pour Alonso : une fin de carrière qui fait tâche, mais…

Plaçons-nous d’abord dans les bottines de Fernando Alonso. Si l’annonce de ce choix de carrière surprend, c’est tout d’abord car Aston Martin est en difficulté depuis deux saisons. En 2020, l’écurie (qui s’appelait encore Racing Point) copiait le modèle de la Mercedes de la saison précédente, ce qui avait permis aux hommes de Lawrence Stroll de réaliser leur meilleure saison dans la discipline. Mais depuis, le vent a tourné. Le podium obtenu par Sebastian Vettel à Bakou, en 2021, tient du miracle. Sur la seule saison 2020, Racing Point marquait 195 points : à titre de comparaison, elle n’en a scoré que 97 depuis qu’elle s’appelle Aston Martin. D’un point de vue des performances, il s’agit d’une régression certaine, et probablement d’une croix définitive sur une dernière victoire en carrière. Le titre ? N’en parlons pas.

Le projet Aston sème également le flou quant à l’après-F1 d’Alonso. Dans les rangs d’Alpine, son destin semblait tracé avec un éventuel engagement en Endurance, l’écurie de Viry-Châtillon ayant une équipe victorieuse en Hypercar. Alonso devrait sans doute se tourner vers les 500 Miles pour tenter de décrocher la Triple Couronne, mais Aston n’y est pas engagée. Certes, l’Espagnol n’avait pas eu de mal à piloter à la fois pour McLaren et Toyota avant sa première retraite, mais il sera plus difficile de prédire son avenir une fois dans les rangs d’Aston.

Malgré tout, si ce transfert reste risqué et surprenant, Alonso possède des garanties. Aston ouvrira sa toute nouvelle usine en fin d’année, ce qui permettra d’accélérer le développement de la voiture. En parlant de développement, bien que les performances restent discrètes (une arrivée dans les points est déjà positive à l’heure actuelle), Aston est l’une des écuries à avoir le mieux compris sa monoplace en 2022 : en queue de peloton en début de saison, l’AMR22 semble avoir dépassé les Williams, les Alfa Romeo, les AlphaTauri et peut-être même les Haas. De plus, pour en revenir à Alonso, Lawrence Stroll est peut-être le seul propriétaire d’écurie capable de payer l’Espagnol : si les raisons de son départ n’ont pas fuité, la piste d’une divergence sur le salaire n’est pas à exclure.

Sebastian Vettel (Aston Martin) lors du Grand Prix de Hongrie 2022.
L’Aston Martin est en net progrès en 2022, bien que les podiums restent très éloignés (©Aston Martin)

Pour Aston Martin : une excellente pioche

S’il y a bien un gagnant dans cette affaire, il s’agit de l’écurie. En novembre, Aston perdra un quadruple Champion du monde, vainqueur en Grand Prix, bourré de talent, capable de comprendre une monoplace et d’en extraire son plein potentiel. Le profil d’Alonso est similaire : bien que doté de deux titres en moins, le Taureau des Asturies semble être l’homme parfait pour obtenir l’assurance d’exploiter le maximum de la voiture. Cependant, le CV ne fait pas tout : Vettel a bien montré que les couronnes acquises il y a plusieurs années ne sont pas la solution à une monoplace capricieuse. Cela ne veut pas dire que l’arrivée d’Alonso sera un échec, et il n’y a probablement pas d’autre pilote libre qui puisse assurer l’optimisation des performances d’une monoplace. En revanche, rien ne dit que l’Espagnol parviendra à faire passer un palier à l’écurie.

Si nous nous éloignons de la piste, Alonso est également le seul pilote disponible qui correspond à l’image de marque d’Aston. Le constructeur possède cet aspect prestigieux et se doit d’avoir un Champion du monde dans ses rangs. En termes d’image, Vettel est un pilote difficile à remplacer, et Alonso était sans aucun doute le seul candidat à un niveau similaire. Dans une optique stratégique, la pioche est excellente chez les Britanniques.

En bref : Alonso est sans doute le meilleur pilote possible pour Aston, qui devrait offrir le meilleur niveau de performance possible avec le matériel qui lui sera donné. Cependant, pas d’affolement : Aston ne deviendra pas candidate au titre du jour au lendemain avec cette seule signature.

Fernando Alonso (Alpine) et Sebastian Vettel (Aston Martin) en conférence de presse.
Alonso était sans doute le seul pilote à avoir les épaules pour remplacer Vettel (©AFP)

Des conséquences pour les autres pilotes

Si la F1 est une discipline imprévisible, elle l’est encore plus quand il s’agit des transferts. Il y a une semaine, personne n’imaginait Vettel prendra sa retraite : aujourd’hui, nous savons qu’Alonso le remplacera chez Aston. Alors, quelles seront les conséquences de ce changement d’écurie ? Chez Alpine, le grand favori est donc Oscar Piastri : après avoir survolé la F3 et la F2 pour ses saisons de rookie, l’Australien a dû ronger son frein sur la touche cette saison. Aucun jeune pilote ne mérite plus que lui un baquet en F1, et son heure est probablement venue. Membre de l’académie Alpine et pilote réserviste, l’annonce de son arrivée devrait être une question d’heures.

Mais ce transfert aura des conséquences ailleurs. Annoncé proche de Williams (en cas de prolongation d’Alonso et de départ de Nicholas Latifi), Piastri n’aurait plus besoin de faire du pied à Jost Capito. Ce dernier aura une longue liste de pilotes parmi lesquels choisir pour l’an prochain, et pourrait même faire monter un rookie en la personne de Logan Sargeant, membre de l’académie de Grove. Alors que la F1 se tourne de plus en plus vers les États-Unis, un tel choix semblerait logique.

Logan Sargeant, membre de l'académie Williams, pourrait monter en Formule 1 dès 2023.
Logan Sargeant, vainqueur surprise de ce transfert ? (©MSI)

Si nous pourrions spéculer sur les futurs pilotes durant longtemps, une chose est sûre : Alonso sera aligné avec Stroll. Pour le Canadien, il s’agit d’une énième déconvenue, où le fils du propriétaire, qui fait preuve d’une irrégularité incroyable, ne sera toujours pas le leader de son écurie. En 2023, Stroll disputera sa septième saison en F1, mais ne semble toujours pas être en mesure d’assumer un rôle de chef de fil. Le Canadien est trop vieux pour avoir le profil de pilote ayant besoin d’être guidé et encadré par un vétéran, et il est difficile d’imaginer que l’arrivée d’un nouveau gros calibre lui fera du bien. Il suffit de voir ses deux saisons avec Vettel à ses côtés : Stroll ne semble pas avoir progressé, et fait toujours preuve du même manque d’envie… du moins, dans ses déclarations et sa gestuelle. L’absence de pression concernant un renvoie en cas de mauvais résultat, dû au fait que son père est le président de l’écurie, joue sans doute beaucoup.

Chez Aston, l’annonce de l’arrivée d’Alonso met également fin au rêve de certains profils qui avaient été évoqués. Nyck de Vries, performant en Formule E et pilote Mercedes, aurait pu faire office de candidat sérieux, surtout avec sa participation à plusieurs séances d’essais libres cette saison. Pour Nico Hülkenberg, réserviste de l’écurie et remplaçant de Vettel en début d’année, l’espoir d’un retour dans l’élite semble s’être définitivement éteint. Enfin, les fans qui souhaitaient voir Felipe Drugovich (leader actuel de la F2 et membre d’aucune académie) devront sans doute se faire à l’idée que leur pilote n’accèdera jamais à l’élite, quelque soit le résultat final de cette saison de F2. Mais rien n’est joué, et le marché des transferts nous réserve sans doute de nombreuses autres surprises.

Pour conclure, ce transfert surprenant reste un gros point d’interrogation. Du côté d’Aston, il s’agit bien évidemment d’un bon coup, puisqu’il était impossible de faire mieux que cette signature. En revanche, le choix d’Alonso ressemble à un véritable pari qu’il est difficile d’imaginer payant. La route d’Aston vers les victoires semble encore si longue, et il n’est pas sûr qu’un pilote comme Alonso, aussi talentueux soit-il, puisse être la solution. Il serait dommage de terminer sa carrière sur une mauvaise note, mais un choix décevant serait malheureusement la suite logique d’une carrière marquée par des transferts ratés.

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