La F1 est un sport riche, faisant vivre des émotions intenses et naître des rivalités légendaires. Mais comme toute discipline, il existe parfois des anecdotes insolites, pouvant presque reléguer au second plan l’esprit de compétition des pilotes chevronnés. Retour en 2004, à Monaco, dans une saison marquée par la suprématie de Michael Schumacher, où le mystère de la disparition du diamant de Jaguar eut lieu.
Le contexte
Pour sa cinquième saison en Formule 1, Jaguar signe un partenariat avec le joaillier de renom Steinmetz. C’est une collaboration qui semble logique puisque le nom de Jaguar est très prestigieux dans le monde de l’automobile : les deux enseignes associent leurs forces pour affirmer leur image de luxe. Pour célébrer cette union et marquer le coup, les deux marques décident d’incruster deux diamants de 59,6 carats sur le nez des monoplaces de Christian Klien et Mark Webber. L’opération s’effectue lors du Grand Prix de Monaco, qui est sans conteste le rendez-vous « bling-bling » de la saison : tous les éléments sont présents pour que l’opération soit un succès.
Avec une valeur de 300 000 dollars chacun, les pilotes de la firme anglaise devaient d’autant plus faire attention à leur monoplace. En effet, le moindre crash aurait coûté très cher à Jaguar, mais surtout au sponsor. Les diamants équivalaient à un bouton de chemise en terme de dimension, des pièces rares que n’importe quel grand collectionneur souhaiterait s’offrir à prix d’or. La livrée était également modifiée, avec un aileron avant rouge pour célébrer la sortie du film Ocean Twelve de Steven Soderbergh.
Un Grand Prix peu brillant
Avec ce coup de communication très réussi, tout le paddock se tourne vers les monoplaces vertes et leur livrée spéciale ainsi que les diamants arborés par les deux voitures. Malgré cette mise en scène, ce week-end ne fut pas un franc succès pour l’écurie de David Pitchford. Qualifiés aux 11ème et 14ème rang, les pilotes ne parvenaient pas à créer l’exploit sur un circuit où tout est possible. La compétition reprenait le dessus, loin du contexte marketing que connaissait l’écurie.
Et la course ne va pas aller dans le sens escompté pour Jaguar, qui va voir Christian Klien heurter le mur dans l’épingle de l’hôtel dès le premier tour. Onze boucles plus tard, ce sera au tour de Mark Webber de perdre le contrôle de sa voiture et d’être contraint à l’abandon. Les deux monoplaces n’auront finalement pas brillé lors de cette course, qui était pourtant placée sous le signe des diamants, et censée redorer l’image de l’écurie.
Le mystère du diamant
Après ce résultat décevant, une autre histoire va faire beaucoup parler. Il s’agit de la disparition du diamant présent sur la monoplace du pilote autrichien Christian Klien !
Lors de son incident dans l’épingle, le museau de la Jaguar a heurté le rail de plein fouet. Une fois la monoplace ramenée au garage par les commissaires, les mécaniciens et ingénieurs de l’écurie anglaise ont eu la mauvaise surprise de découvrir la disparition du diamant incrusté sur le nez de la voiture. Cette pièce extrêmement rare et chère s’est mystérieusement volatilisée.
Après la course, de nombreuses investigations ont été effectuées sur le circuit afin de retrouver le précieux bijou de Steinmetz. En vain : l’objet ne fut finalement jamais retrouvé. Est-ce un commissaire de course qui l’aurait discrètement subtilisé ? Est-ce un spectateur chanceux qui aurait eu la chance de le retrouver avant les investigations ? La pierre est-elle tombée dans l’une des nombreuses plaques d’égout présentes sur le circuit ? Ou bien a-t-elle été tout simplement détruite lors du choc ? Seize ans après la course, le mystère plane toujours. Une chose est sûre, le coup du diamant n’aura pas été une grande réussite pour Jaguar. En revanche, l’histoire fait toujours parler aujourd’hui : ce partenariat peut être considéré comme une réussite du côté du joaillier, qui ne s’attendait probablement pas à ce que son nom soit cité autant de temps après l’événement.
Même si l’histoire se termine plutôt mal, cela n’empêchera pas Steinmetz de récidiver en 2005 avec Kimi Räikkönen et Juan Pablo Montoya, alors pilotes chez McLaren, qui auront le droit à des diamants incrustés sur leur casque. Une fois de plus, le joaillier s’unit avec une marque de luxe pour augmenter sa notoriété et renforcer son image de marque. Cette opération fonctionnera à merveille, ce qui mènera l’écurie britannique et Steinmetz à collaborer de nouveau, notamment en posant des diamants dans les volants de Jenson Button et Lewis Hamilton en 2010. Cette fois-ci, aucun risque que les bijoux ne terminent leur course dans la poche d’un commissaire ou dans un égout.
©Illustration : Clive Rose – Getty Images
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