Quelle est la plus belle F1 de tous les temps ?

La rédaction de Turn One s’est penchée sur cette question qui ne mettra jamais tout le monde d’accord : quelle est la plus belle F1 à avoir vu le jour ? Notre équipe donne son avis.

La Ferrari 643 alignée en Formule 1 pour la saison 1991, pilotée par Alain Prost et Jean Alesi.
La Ferrari 643, alignée en 1991 (©DR)

Pierre : Ferrari 643 (1991)

En tant que tifoso, compliqué de mettre une voiture qui ne soit pas rouge, bien que les concurrents de la Scuderia aient proposé de véritables bijoux dans le temps. Si je devais en retenir une, ce serait la 643 alignée pour la deuxième moitié de saison en 1991. Sa prédécesseure, la 642, n’a pas donné satisfaction en début de saison, et les pilotes ont de suite préféré la 643, bien plus stable. Du moins, c’est ce que pensait Jean Alesi, car Alain Prost finira par la comparer à un camion, ce qui le conduisit au licenciement de la Scuderia !

Sans la moindre victoire et avec un nombre incalculable d’abandons, cette voiture fut loin d’être la plus rapide sortie des ateliers de Maranello. Mais son duo 100% français et ses sublimes ailerons noirs, le tout sur une monoplace aux lignes épurées (comme cela était le cas sur l’ensemble de la grille à cette époque), font de cette voiture un vrai chef d’œuvre esthétique. Il ne lui a manqué que les victoires pour la faire entrer définitivement dans la légende… à moins que les propos qu’elle a générés chez les pilotes n’aient été suffisants !

Antoine : Williams FW14B (1992)

Bien qu’étant aussi un tifoso, j’ai eu un faible pour une des rivales britanniques et une affection particulière pour l’écurie Williams. Les couleurs s’accordent depuis maintenant quelques saisons et ce sponsor « Canon » rouge se démarque toujours autant, une vraie réussite tant visuelle que sportive à mes yeux. Après une première ébauche qui laissait entrevoir de belles promesses de titres en 1991, Sir Patrick Head et Adrian Newey ont remis le couvert pour concevoir une des monoplaces les plus dominantes des années 1990. La FW14B est un bijou de technologie : boite de vitesse semi-auto, suspension active, contrôle de traction… Cette monoplace restera comme une de celles qui ont fait basculer le sport dans une nouvelle ère, où l’électronique se montrera plus que décisive sur les performances de la voiture.

Nigel Mansell dans la Williams FW14.
Nigel Mansell dans sa Williams FW14 (©Crash)

Des miettes. C’est ce que vont laisser les protégés de Frank Williams aux autres écuries pour 1992, les pensionnaires de Grove s’imposant à 10 reprises sur 16 courses. Nigel Mansell remporta son seul et unique titre cette année là, dominant outrageusement la concurrence en comptant 14 poles pour 9 victoires. En fin d’année, les baquets de l’écurie de Grove sont convoités de toutes parts. Patrese s’en est allé du côté des outsiders Benetton et Mansell, vexé de devoir réduire son salaire et assister à la titularisation d’Alain Prost, claquera la porte. Un jeune Damon Hill sera promu pour assister le Français, et le reste n’est qu’histoire.

Marius : McLaren MP4/4 (1988)

Pas la voiture de mon enfance, mais celle de mes premiers souvenirs en F1, avec à son bord Ayrton Senna, le pilote qui a nourri mon intérêt pour la discipline. Avant même de me découvrir une passion pour Ferrari, des images de cette McLaren rouge et blanche s’étaient ancrées dans mon jeune esprit. Des couleurs simples, visibles, devenues mythiques, sans oublier le fameux « Marlboro » sur l’aileron arrière. Une voiture aussi belle que performante. Après une saison 1987 très décevante, la révolution débute chez McLaren et en cette année 1988, l’écurie s’apprêtait à mettre en piste un monstre : une voiture à l’architecture basse pour garantir une efficacité aérodynamique, une nouvelle boîte de vitesse et surtout, un nouveau moteur Honda RA168-E plus léger et compact que les anciens. Ajoutez à cela le duo Alain Prost et Ayrton Senna et vous imaginez le résultat.

Ayrton Senna au volant de la McLaren MP4/4 lors de la saison 1988 de F1.
La McLaren MP4/4 de 1988 avec à son bord, le talentueux Ayrton Senna (©McLaren)

Vous l’aurez compris, cette McLaren MP4/4 n’a pas mis longtemps à faire ses preuves. Demandez au malheureux Gerhard Berger : lors des qualifications du Grand Prix de Monaco 1988, il est repoussé à 2,6 secondes des McLaren, sur un tracé de seulement 3,3 km. Cette McLaren, c’est également celle de tous les records : 15 victoires, 15 poles position, 25 podiums et même 10 doublés, en seulement 16 courses. La concurrence est absente, Prost et Senna rigolent. Cette MP4/4 est restée dans ma tête depuis toujours, et Ayrton Senna à son bord m’a toujours fasciné. C’est pour moi la plus belle F1 de tous les temps.

Alex : Renault R26 (2006)

Quand on parle de voiture française mythique en Formule 1, on pense à Renault. Et quand on pense à Renault, on pense rapidement aux deux titres de Fernando Alonso. La R26 arbore fièrement son numéro 1 à l’avant. Elle a apporté de nombreux nouveaux fans tant elle symbolise aussi un renouveau de la Formule 1 en mettant fin à l’hégémonie de la Ferrari. C’est aussi le renouveau d’une nouvelle génération de jeunes pilotes symbolisés par Fernando. Dernier symbole de cette réussite française : les pneus Michelin rainurés.

Fernando Alonso au volant de la Renault R23, alignée lors de la saison 2006 de F1.
La Renault R26 avec Fernando Alonso (Commons)

En plus des symboles, la R26 aborde aussi une couleur bleu ciel magnifique, rarement vue en Formule 1. Ce bleu de Mild Seven, sponsor de Benetton racheté par Renault, rappelle aussi d’où vient l’écurie. Son association avec le jaune en fait une voiture unique. On peut aussi mentionner le gros « I » du sponsor I Mode, spécialisé dans l’accès Internet sur les tout premiers téléphones, qui symbolise le ressenti qu’on a sur cette voiture : la nostalgie des années 2000. Le bilan de cette voiture est impressionnant : 14 podiums dont 7 victoires pour Alonso. S’ajoute aussi une victoire pour Giancarlo Fisichella en Australie. À titre personnel, c’est aussi la première Formule 1 que j’ai vue en vrai lors d’expositions à Paris. Forcément, ça joue !

Samuel : Jordan EJ15 (2005)

Emmenée par les oubliés Narain Karthikeyan et Tiago Monteiro, cette monoplace m’a autant marqué en 2005 que la Renault R25. Pas pour ses résultats, l’écurie finissant à une triste neuvième et avant-dernière place au championnat, mais pour son jaune vif marié à un noir nuancé par les prénoms des pilotes inscrits en rouge sur les pontons. Mais cette description que je vous fais est bien précise, puisque la voiture a beaucoup évolué lors de la saison 2005 : plus ou moins de noir, les prénoms des pilotes qui disparaissent, ou encore l’utilisation d’une EJ15B à partir du Grand Prix d’Italie qui amène d’autres sponsors… La version la plus resplendissante de cette monoplace fut pour moi utilisée au Grand Prix des États-Unis.

Narain Karthikeyan lors du Grand Prix des États-Unis 2005 à Indianapolis.
L’Indien Narain Karthikeyan lors des qualifications à Indianapolis (©DR)

Seulement, si cette voiture est pour moi la plus belle livrée de tous les temps, c’est sans doute affectif : mon club de football préféré, Dortmund, arbore le même mariage de couleurs. La saison 2005 fut aussi la première que j’ai suivie étant petit, et F1 2005 le premier jeu auquel j’ai joué. Si mon cœur battait pour Alonso et la Renault, il n’en demeure pas que cette année fut un grand cru en terme de belles monoplaces : je pense à la Toyota, la Sauber, tout comme cette mythique Renault. Le design des monoplaces et les pneus rainurés étaient aussi agréables, tout comme le moteur V10 qui déchirait l’air sur les pistes. En bref, la Jordan était loin sur la grille mais évoquait des couleurs qui étaient chères à mes yeux, dont un jaune qui, je trouve, manque à une F1 aux teintes aujourd’hui bien trop ternes. Militons pour un retour du jaune en F1, comme l’avait fait Ferrari en 2022 avec sa livrée spéciale !

Maximilien : March 881 (1988-89)

Il faut bien le dire, Pierre m’a volé mon premier choix. En tant que tifoso, il est dur de choisir autre chose qu’une monoplace inscrite du cheval cabré. Sauf que je suis tombé sur la perle rare : la March 881 avec son bleu saillant et ses pneus à flancs blancs Goodyear. Cette voiture, c’est la première création de la (très) riche carrière d’Adrian Newey, arrivé un an plus tôt dans l’écurie. « Sans [elle], je n’aurais pas eu les opportunités que j’ai eues aujourd’hui » expliquait-il en 2016. Si elle a bousculé sa carrière, cette monoplace est surtout magnifique, un OVNI sur la grille à partir de 1988. La March propose une livrée bleue simple mais si efficace, aux teintes qui contrastent tellement avec les accents blancs / noirs / rouges habituellement présents sur la grille.

La Mrch 881 dans l'épingle de la Source au Grand Prix de Belgique de F1.
(©Pascal Rondeau)

Avec Ivan Capelli et Mauricio Gugelmin à son volant, la 881 a accroché trois podiums entre 1988 et 1989, les derniers de l’écurie March. En plus de la couleur, la monoplace d’Adrian Newey présentait une autre particularité dans sa conception. Elle embarquait un moteur atmosphérique, plus petit, quand le reste de la grille ou presque présentait un compresseur. La petitesse du bloc a permis à l’ingénieur de concevoir des lignes plus resserrées, avec un aérodynamisme plus poussé et agressif, notamment visible sur le capot moteur, très ciselé, aux airs de la Mercedes W14. La 881 sera malheureusement gâchée au fur et à mesure de la saison 1989 à cause de l’arrivée de curieuses teintes vert clair sur le capot et sur le nez. Dommage, on aurait bien aimé la voir rouler plus longtemps.

Chris : Jaguar R5 (2004)

Bien que fan de l’Olympique Lyonnais, ma monoplace favorite était verte ! La saison 2004 fait partie de celles où j’ai vraiment adoré les livrées proposées par les constructeurs. Parmi tout ces choix, entre la sublime F2004 ou la EJ14 de Jordan, j’ai choisi la Jaguar R5, pilotée par Mark Webber et Christian Klien durant les 18 Grands Prix de la saison. Conçue sous les ordres de David Pitchford par Ian Pocock et Robert Taylor, on ne peut pas dire qu’elle fasse partie des monoplaces les plus performantes de l’histoire de la F1.

Mark Webber dans sa Jaguar R5 lors du Grand Prix de Monaco 2004.
La Jaguar R5 de Mark Webber, pimpée avec un diamant pour le Grand Prix de Monaco (©DR)

Avec pour meilleur résultat une sixième place obtenue par Mark Webber en Allemagne, égalée par son coéquipier au Brésil, l’écurie empoche seulement 10 points durant toute la saison. Il s’agit à ce jour de la toute dernière Jaguar ayant participé à un Grand Prix. Cependant, sa livrée reste à mon sens l’une des plus belles que l’on ait connu en F1. L’association entre le vert et le rouge fonctionne parfaitement. De plus, elle a tout de même marqué la discipline à sa manière, lors du Grand Prix de Monaco, avec la fameuse histoire du diamant disparu. Elle reste la descendante directe de Red Bull qui connaît aujourd’hui les jours heureux de la Formule 1.

Laisser un commentaire