Adrian Newey : le génie aérodynamique de la F1

Personnage reconnu et réputé dans le milieu de la Formule 1, Adrian Newey est l’un des ingénieurs les plus iconiques de l’histoire de ce sport. Un parcours impressionnant marqué par l’humilité d’un homme souvent mis en avant par ses équipes, mais très discret devant les médias et les caméras. Cependant il est l’architecte de la voiture et celui à qui Red Bull et d’autres équipes doivent beaucoup. Retour sur la carrière exceptionnelle d’Adrian Newey.

Adrian Newey, le cerveau de la voiture chez Red Bull (©SkySports)

Adrian Newey, qui es-tu?

Adrian Newey est né en 1958 à Stratford-upon-Avon, en Angleterre. Il commence ses études à la Repton School, une école catholique dans la ville de Derbyshire. Doté de qualités scientifiques et mathématiques, il intègre par la suite l’université de Southampton où il décrochera son diplôme en tant que major de promotion en Ingénierie Aéronautique et Astronautique en 1980.

Passionné de sport automobile, il intègre dès la sortie de ses études l’écurie Fittipaldi Formula One, dirigée par Harvey Postlethwaite. Mais malgré les deux grands pilotes de renom que sont Keke Rosberg et Emerson Fittipaldi, l’équipe termine 7ème du championnat du monde de F1. En 1981, Newey se dirige vers l’écurie March, mais sans plus de succès : l’équipe ne marquera même pas un point lors de cette saison. Mais c’est à partir de 1982 qu’Adrien Newey va connaître ses premières responsabilités, en Formule 2, en dessinant ses premières monoplaces.

Newey sera à l’origine du high rake, son ancienne arme secrète qui est aujourd’hui utilisée par les autres écuries du plateau. Il s’agit d’une inclinaison de la monoplace vers le nez, permettant aux flux d’air de mieux circuler et d’appuyer la voiture un maximum afin qu’elle puisse pivoter plus facilement et rapidement, provoquant un énorme gain aérodynamique.

Le rake est donc l’inclinaison de la voiture, très visible sur cette image de la Haas 2020 (©Haas)

L’aventure américaine et les premiers succès

En 1984, Newey prend en main le projet de March, mais en CART (l’ancienne version de l’IndyCar), où l’écurie inscrira trois victoires et neuf podiums avec son duo Al Unser Jr. et Rahal. Une première grande réussite pour le Britannique, qui convainc dès sa première saison.

Deux ans plus tard, retourne donc March, en Formule 1, où il occupe le poste de designer en chef pour l’écurie. À force de travail et d’ingéniosité, Newey se fait remarquer en 1988 grâce aux performances qu’offrent les March 881 pilotées par Maurìcio Gugelmin et Ivan Capelli. En effet, l’écurie réalise la meilleure saison de son existence en F1, avec une 6ème place au championnat constructeur. 

Cependant, le jeune loup de l’ingénierie est tout de même décrié pour son aérodynamisme extrême qui bouscule les autres paramètres de la voiture. En 1990, toujours chez March (renommée en Leyton House CG901), Newey va connaître une véritable désillusion. Lors du Grand Prix de Mexico, son équipe doit renoncer à la course, l’inclinaison de la voiture étant trop prononcée pour la piste bosselée du circuit urbain. Il sera limogé durant l’été.

Williams : le début de la grande histoire

Malgré cette fin décevante, Newey reste l’un des ingénieurs les plus attractifs du marché et est recruté par Williams-Renault, l’écurie managée par Patrick Head. Il est une nouvelle fois designer en chef. Dans une écurie avec un budget plus conséquent et bien mieux encadrée, Adrian Newey peut dévoiler tout son potentiel d’ingénieur. Le retour de son compatriote Nigel Mansell relance également la dynamique de l’écurie qui avait vécu une saison difficile en 1990. Après un début de saison compliqué, l’écurie signe sept victoires en 1991 et se classe deuxième, derrière les McLaren d’Ayrton Senna et Gerhard Berger. 

La FW14 d’Adrian Newey pilotée par Nigel Mansell en 1992, lui offrant le titre mondial (©The Telegraph)

Mais c’est en 1992 que la success story commence, pour sa deuxième saison seulement chez Williams. Newey met au point une voiture intraitable, qui ne laissera aucune chance à la concurrence avec un Nigel Mansell déchaîné, qui remportera les cinq premières courses de la saison, pour un total de dix. Son coéquipier Patrese fait également une saison remarquable avec neufs podiums et une victoire, mettant ainsi les deux pilotes Williams aux deux premières places du championnat pilote. Newey remporte donc son premier championnat constructeur en F1. 

En 1993, Mansell décide de mettre un terme à sa carrière : Williams signe alors Alain Prost et Damon Hill afin de compenser le départ de leur champion du monde. Encore une fois, Adrian Newey fait des merveilles et Alain Prost remporte le championnat, tandis que Hill termine troisième avec une voiture une nouvelle fois au dessus du lot. L’année 1994 sera particulière avec le départ de Prost qui sera remplacé par Senna, qui décédera tragiquement lors de la manche d’Imola. Un grand coup dur pour l’écurie, qui associera le jeune David Coulthard puis Mansell à Damon Hill, s’assurant le championnat constructeur mais pas pilote. En 1995, à cause d’un Schumacher intraitable au volant de sa Benetton, l’équipe se contentera de la 2ème place du championnat constructeur, puis renouvelle son succès en 1996 et 1997 par l’intermédiaire de Damon Hill et Jacques Villeneuve.

En sept ans dans l’écurie, Adrian Newey a donc conçu cinq voitures championne du monde constructeurs et a vu quatre titre pilotes dans ses rangs. Une prouesse qui fera de Williams l’écurie phare des années 1990, une période considérée comme l’âge d’or de la F1 pour beaucoup de fans. Mais faute de pouvoir évoluer dans une équipe où le directeur technique de l’écurie est également le co-propriétaire, Newey est recruté par McLaren durant la saison 1997, lui offrant le poste de directeur technique qu’il convoite.

Des hauts et des bas chez McLaren

Adrian Newey arrive donc chez McLaren en 1998 avec une réglementation très changeante, des nouveaux pneus et des contraintes aérodynamiques plus poussées. Et une nouvelle fois, l’Anglais surprend et propose une Formule 1 au-dessus du lot. Lors de la manche inaugurale à Melbourne, les McLaren d’Hakkinen et Coulthard prennent un tour à toute la concurrence : elles jouent seules dans cette catégorie avec cinq doublés lors de la saison. Logiquement, Hakkinen et McLaren remportent les deux championnats. 

En 1999, en lutte intense avec Ferrari qui a refait son retard, Hakkinen et Coulthard doivent se battre contre Schumacher et Irvine. Cependant, l’accident de Schumacher et sa blessure avantageront Hakkinen qui remportera le championnat pilote, mais c’est bien la Scuderia qui remporte le championnat constructeur.

Ross Brawn et Adrian Newey, deux grands révolutionnaires de l’histoire de la F1 (©Mark Thompson)

Néanmoins, la success story de Newey va connaître un coup d’arrêt. Bien que ses monoplaces restent performantes et jouent régulièrement la victoire (Hakkinen en 2000, Coulthard en 2001, Räikknen en 2003 et 2005)¨, il ne remportera plus aucun titre, tandis que Ferrari et Renault glaneront tous les titres entre 2000 et 2006. Sa relation avec McLaren va également se fragiliser avec son faux départ prévu en 2001 pour Jaguar, bien que le projet n’aboutira pas. C’est en 2005 qu’il décide de quitter l’écurie anglaise avec qui il pense être arrivé au bout. Il rejoint le nouveau projet Red Bull, où il retrouvera pour la troisième fois de sa carrière David Coulthard.

L’hégémonie Red Bull 

Un mouvement très atypique de la part d’Adrian Newey, qui décide de quitter un top team pour rejoindre une équipe de fond de tableau. Cependant, Red Bull mène un projet très ambitieux qui a su convaincre le génie anglais, qui souhaite retrouver le goût de la victoire. Cependant, sa mise en fonction tardive dans le projet Red Bull en 2006 ne lui permet pas d’avoir un impact important sur la voiture. Cependant, dès 2007, une nette amélioration se fait sentir dans les résultats avec un podium pour Mark Webber ainsi que la 5ème place du championnat constructeur. Mais l’année 2008 ne convainc pas : pire encore, Red Bull fait une moins bonne impression que sa petite soeur Toro Rosso, en ne terminant que 7ème du championnat du monde… De quoi mettre des doutes sur les capacités de RedBull à se confronter aux plus grands. 

Mais Newey et ses équipes ne vont pas se laisser abattre et le règlement technique de 2009, avec la réintroduction des pneus slick, va faire toute la différence. Dans un début de saison outrageusement dominé par Brawn GP, Red Bull arrive à se faire une place et leur nouveau prodige allemand Sebastian Vettel ‘impose. Dans une seconde partie de saison tonitruante, les hommes d’Horner ont bien failli faire vaciller le sacre promis à Jenson Button. Red Bull se classe 2ème du championnat constructeur avec six victoires, montrant enfin sa capacité à rivaliser avec les meilleurs.

Le sacre arrive alors en 2010. Dans une saison extrêmement serrée, la Red Bull se montre très performante en qualifications, bien que la fiabilité ne soit pas toujours présente en course. Cependant, le talent et l’abnégation de Vettel lui offriront l’un des titres les plus sérrés de toute l’histoire de la F1 et l’écurie autrichienne s’offrira son premier titre constructeur. S’ensuit alors une hégémonie historique pour la marque de boissons énergisantes qui va enchaîner les titres quatres années consécutives, soit un total de huit titres et 42 victoires. Des chiffres impressionnants pour une monoplace conçue et dessinée par le maître Newey, qui se refait une image auprès du paddock.

Encore aujourd’hui, le technicien anglais est toujours chez Red Bull en quête de nouveau titre. Depuis 2014, l’écurie reste parmi les favorites du plateau mais reste incapable de glaner le moindre titre, malgré de grands talents tel que Ricciardo ou Verstappen. En 2017, le technicien sort son livre “How To Build a Car” afin d’exprimer la force de ses idées et de son succès ainsi que les problèmes auxquels il a du faire face. Une carrière loin d’être terminée pour Adrian Newey (61 ans), qui compte un palmarès de 20 titres de champion du monde, faisant de lui l’un des ingénieurs les plus titrés de l’histoire de la F1.

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