Trois ans après l’arrivée de Liberty Media : quels changements ?

En septembre 2016, le groupe américain Liberty Media rachetait près de 20% des parts de Formula One Group. Il faudra attendre six mois supplémentaires et environ 8 milliards de dollars pour que le géant s’empare de l’élite du sport automobile. Près de trois ans après le début des actions de rachat, qu’est-ce qui a changé ?

L’arrivée des pilotes en véritables showmen, dans une haie d’honneur, lors du Grand Prix des États-Unis 2017 (©DR)

La Formule 1 doit redevenir un show

Notre amour pour la Formule 1 relève des pilotes, des anecdotes du paddock ou encore de la technicité des voitures d’aujourd’hui. Mais pour la majorité d’entre nous, cette passion remonte à une époque lointaine, où nos yeux d’enfants admiraient les prouesses des héros sur la piste. Cela est d’ailleurs encore le cas : comment rester insensible lors de batailles entre pilotes, comme le duel Verstappen / Leclerc à Silverstone ?

Liberty Media a bien compris cette facette qui fait que nous aimons tant ce sport. Si les règles en vigueur vont parfois à l’encontre du spectacle, de nombreuses initiatives sont prises pour améliorer l’expérience, et même en dehors de la piste. Ces dernières prennent principalement lieu sur les circuits : des shows avec des figures locales sont organisés avant les départs (comme pour le retour du Grand Prix de France en 2018, avec la patrouille de France qui s’est produite dans un spectacle aérien ou le tour de circuit de Franky Zapata à bord de sa « Flyboard Air »). Aux Etats-Unis, à Austin, les pilotes faisaient leur entrée à la manière de véritables combattants : appelés au micro et au milieu d’une haie d’honneur composée d’hôtesses, les 20 protagonistes étaient érigés au rang de véritables légendes vivantes. Les concours organisés avec les écrans géants ou les « Fanzones » sont là pour rendre l’expérience du visiteur inoubliables, tout comme la parade des pilotes avant le départ, qui permet aux spectateurs d’apercevoir et de saluer leurs héros.

En piste, les voitures n’ont jamais été aussi rapides et les décisions pour favoriser le spectacle sont au centre des discussions. Depuis l’an dernier, le DRS a été amélioré pour être plus efficace, et de nouvelles zones d’activations ont vu le jour. Ces mesures ne se sont pas montrées très efficaces, et sont même décriées par certains anciens pilotes, mais force est de constater que les dépassements, et donc le spectacle, seraient pratiquement impossibles sans l’aileron amovible avec les monoplaces actuelles.

Objectif médias sociaux pour la Formule 1

Selon Matt Roberts, le directeur de la recherche en marketing pour la Formule 1, l’âge moyen du passionné de F1 est de 40 ans, et seulement 14% des fans auraient moins de 25 ans. L’élite du sport auto a donc beaucoup de retard par rapport à d’autres pratiques sportives, beaucoup plus populaires chez les jeunes.

Et quel meilleur moyen que les réseaux sociaux peut attirer les jeunes consommateurs ? Il y en a peu, voire pas du tout à vrai dire. Les comptes détenus par la Formule 1 sur Facebook, Twitter, Instagram mais surtout YouTube se sont métamorphosés dans les dernières années.

Intéressons-nous aux cas de Twitter et YouTube. Sur le réseau social à l’oiseau bleu, les publications étaient tout simplement à but informatif, sans tenter d’atteindre un maximum d’utilisateurs. Comparons ces tweets de 2013 pour le Grand Prix du Brésil, et ceux de la même épreuve en 2018.

Mais c’est bel et bien sur YouTube que les plus gros changement ont eu lieu. Avec près de 2 milliards d’utilisateurs actifs chaque mois, Liberty Media ne pouvait pas laisser de côté la plateforme de partage de vidéo. Et les modifications furent drastiques, surtout depuis 2017 et l’arrivée du géant américain aux commandes de la Formule 1.

La croissance de l’eSport fait des vagues en F1

Phénomène encore plus récent que les réseaux sociaux, l’eSport (ou sport électronique) est un autre moyen d’attirer un public plus jeune vers la Formule 1. Loin des sommes extravagantes d’autres tournois (comme la Coupe du Monde Fortnite avec 30 millions de dollars de cash prize), Liberty Media permet aux prodiges du jeu vidéo de s’affronter et de se glisser dans la peau d’un véritable pilote de course, le temps d’une compétition.

Inexistantes en 2016, les F1 eSports Series couronnent chaque année un champion du monde de Formule 1 électronique. Lors des deux éditions précédentes, c’est le Britannique Brendon Leigh qui s’est imposé face aux cadors mondiaux de la discipline. Et depuis l’an dernier, les écuries du championnat s’investissent dans cette compétition en tentant de signer les pépites du plateau. Dans des conditions proches de la réalité, c’est Mercedes qui remporta le championnat par équipes l’an passé.

Si nous sommes loin des jeux « classiques » du sport électronique (League of Legends, Counter Strike…), les F1 eSports Series commencent à se faire un nom. Des milliers de pilotes participent aux qualifications, et les diffusions en direct sont suivies par des dizaines de milliers de spectateurs. Le replay de la finale de l’an dernier compte presque 600 000 vues sur la chaîne YouTube de la F1, et les événements sont relayés sur les réseaux sociaux de la compétition officielle. Un véritable succès qui fait croître l’intérêt pour la Formule 1.

Brendon Leigh, pilote électronique pour Mercedes, est le double champion en titre des F1 eSports Series (©Mercedes)

Une nouvelle identité

Pour revenir au monde réel, une véritable révolution à vu le jour avec l’acquisition de la compétition par Liberty Media. Si les grands chamboulements auront lieu en 2021 avec de nouvelles monoplaces et, espérons-le, de tout nouveaux constructeurs, des modifications drastiques ont eu lieu depuis 2017. Si Liberty Media n’est pas à la source des monoplaces de cette saison-là, les voiture de 2017 à aujourd’hui n’ont rien à voir avec celles qui courraient dix ans plus tôt. Plus larges, plus longues, avec beaucoup plus d’appui : la pole position de Max Verstappen en Hongrie était plus rapide de huit secondes que celle de Nico Rosberg sur le même circuit, en 2014.

Là où Liberty Media a laissé son empreinte tourne autour de la marque F1. Le fameux logo, présent depuis le début du millénaire, a été remplacé pour un design épuré et moderne. Un thème musical a également été adopté, en ouverture de chaque course. Tous les graphiques lors des Grand Prix ont été modernisés, afin de rendre les courses plus compréhensibles, plus accessibles aux nouvelles audiences.

Les changements exercés depuis l’arrivée de Liberty Media tendent à rendre la Formule 1 plus passionnante, afin d’augmenter le nombre de consommateurs. La stratégie digitale est au centre des débats, avec une utilisation largement accrue des médias sociaux. Mais la révolution n’est pas encore arrivée : dans deux mois, nous connaîtrons la réglementation pour la saison 2021, qui fera entrer la Formule 1 dans une nouvelle ère.

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