Six rookies qui ont battu leur coéquipier en Formule 1

Arriver en Formule 1 n’est pas simple pour un jeune pilote. Celui-ci doit se confronter à un monde impitoyable, où la pression est permanente. Mais pour les six pilotes listés ci-dessous, la première saison en F1 fut synonyme d’adaptation rapide et de révélation.

Olivier Panis, Ligier, Silverstone, Grand Prix de Grande-Bretagne 1994.
Olivier Panis à Silverstone, lors de sa première saison en Formule 1 en 1994 (©Commons)

Olivier Panis, un rookie sur le podium (1994)

En 1994, alors que Ligier retrouvait des couleurs après un gros passage à vide à la fin des années 1980, l’écurie française aligne un pilote tricolore aux côtés d’Éric Bernard. Il s’agit là du dernier trio écurie / coéquipiers en F1 avant la saison 2023 chez Alpine.

D’un côté, Bernard dispute sa troisième saison complète dans l’élite, avec 31 Grands Prix au compteur. Un bilan relativement léger, avec seulement quatre arrivées dans les points (bien que la fiabilité lui ait toujours joué des tours). Mais face à un rookie, le natif de Martigues espérait faire respecter la hiérarchie. Il n’en fut rien : rapide dès ses débuts, Panis décrochait trois top 10 lors de ses cinq premières courses. Il devra attendre sa neuvième course, en Allemagne, pour monter sur son premier podium au terme d’une course mouvementée. Bernard le rejoignait d’ailleurs, mais une place derrière.


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Malheureusement pour Bernard, son début de saison ne satisfait pas. Le bilan du jeune Panis, bien plus performant, attire toute la lumière. Ce dernier collaborera avec deux autres coéquipiers lors de sa première saison (Johnny Herbert et Franck Lagorce) après le licenciement de Bernard.

Jarno Trulli, ennemi des Japonais (1997)

Jarno Trulli pour Prost GP au Grand Prix de Belgique 1997.
Jarno Trulli est rapidement passé de Minardi à Prost GP (©DR)

Minardi, c’est cette petite écurie italienne qui a lancé plusieurs grands noms de la F1. Tel un petit poucet de la Coupe de France de football, le manque de performance et le côté « débrouillard » de la structure de Faenza a toujours attiré la sympathie des spectateurs.


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Parmi les futurs vainqueurs de Grand Prix ayant démarré en F1 chez Minardi, on retrouve Jarno Trulli. En 1997, le jeune italien débarque aux côtés d’Ukyo Katayama. Ce pilote japonais s’apprête à disputer sa sixième saison en F1, et fait donc preuve d’un bon bagage à l’entame du championnat. Pilote Tyrrell pendant quatre ans, le Japonais était parvenu à décrocher quelques bons résultats, mais commettait bien trop d’erreurs qui l’empêchaient de rallier l’arrivée. Si on pouvait noter une très légère amélioration en 1997, cela n’était rien par rapport aux excellentes performances de Trulli, champion de F3 allemande en titre.

L’Italien se montre régulier et gravite autour de la dixième place (à une époque où seuls les six premiers marquent). Après la manche canadienne (où Panis se blesse), Trulli est transféré chez Prost GP et est aligné aux côtés d’un autre Japonais, Shinji Nakano (également rookie en 1997). Là aussi, Trulli parviendra à le devancer en marquant les trois points de la quatrième place à Hockenheim, quand Nakano en scorera deux sur l’ensemble de la saison. La fin de saison sera plus difficile pour l’Italien, mais qu’importe : sa première année en F1 est une réussite.

Heikki Kovalainen, l’espoir d’un Räikkönen bis (2007)

Heikki Kovalainen sur le podium du Grand Prix du Japon 2007 à Fuji.
Tout comme Panis en 1994, Magnussen en 2014 ou Stroll en 2017, Kovalainen décrochait un podium lors de sa première saison en F1 (©Renault)

La carrière d’Heikki Kovalainen fut marquée par la déroute face à son coéquipier Lewis Hamilton en 2008 (98 points à 53 pour le Britannique). Mais il ne faut pas oublier que sa première saison fut convaincante pour un rookie. Recruté par Renault pour palier le départ du double Champion du monde Fernando Alonso, le Finlandais devait apprendre aux côtés de Giancarlo Fisichella et l’épauler dans la course vers les titres.

Mais en 2007, la Renault se montre moins véloce que les saisons précédentes. Cela n’empêche pas le Finlandais de réaliser de bons coups, avec six arrivées dans le top 10 pour ses sept premiers Grands Prix. Son coéquipier italien profite de son expérience pour devancer le débutant scandinave en début d’année, mais commence à stagner à la mi-saison. C’est à ce moment que Kovalainen passera un cap : entre Silverstone et Shanghai, soit huit courses, jamais le rookie ne quittera le top 10. Il signera même un podium à Fuji, qui vient récompenser sa bonne première saison en F1.

Au classement des pilotes, Kovalainen terminera 11 points devant Fisichella (31 – 20). La suite de sa carrière sera plus difficile : malgré un succès obtenu en Hongrie en 2008, le Finlandais souffrira d’être le coéquipier d’Hamilton. À partir de 2010, la Lotus puis la Caterham ne lui permettront pas de briller. Un bon pilote de midfield, trop juste pour les top teams, mais qui aurait mérité une carrière un peu plus longue dans l’élite.

Sebastian Vettel, une demi-saison suffisante pour impressionner (2007)

Sebastian Vettel pour BMW Sauber lors du Grand Prix des États-Unis 2007 à Indanapolis.
Premier Grand Prix et premier point pour Sebastian Vettel (©Motorsport Images)

Lui, en revanche, était totalement au niveau pour jouer les titres. Aligné lors du Grand Prix des États-Unis 2007 pour remplacer Robert Kubica (blessé au Canada), Vettel marque ses premiers points pour sa première course au volant de la BMW Sauber.

Pas titularisé pour la suite du championnat (Kubica reviendra dès la manche à Magny-Cours), Vettel retrouvera le giron Red Bull à partir du Grand Prix de Hongrie, en remplacement de Scott Speed. Aux côtés de Vitantonio Liuzzi (qui disputait sa deuxième saison complète), Vettel connaît des débuts compliqués dans la structure de Faenza. Son coéquipier souffre d’une fiabilité aux abois, mais ne parvient pas à décoller du fond de la grille. Le rookie allemand, de son côté, voit les planètes s’aligner en Chine : dans des conditions changeantes, il franchira la ligne d’arrivée en quatrième position.

Ce résultat lui permet de terminer devant Liuzzi au championnat, et montre aux dirigeants de Red Bull que ces derniers possèdent bien leur pépite. Vettel confirmera lors de sa deuxième saison chez Toro Rosso, avec une victoire inoubliable à Monza et une remontée incroyable à Monaco (de la 19e à la 5e place). La suite, on la connait.

Jean-Éric Vergne, destin déchu (2012)

Jean-Eric Vergne dans le garage Toro Rosso en F1.
Qu’aurait pu être la carrière de JEV en F1 ? (©AFP)

Nous parlions d’Heikki Kovalainen qui aurait mérité une carrière plus longue en F1. Mais sur ces dernières années, le pilote le moins bien récompensé est sûrement Jean-Éric Vergne. Débutant en 2012 au sein de Toro Rosso, le Français est aligné aux côtés de Daniel Ricciardo, qui a déjà connu une moitié de saison dans la modeste HRT.

Vice-champion de Formule Renault 3.5 en 2011, le Francilien réalise un début de saison correct, là où il est attendu au volant d’une monoplace trop faible pour marquer des points régulièrement. Dans le top 10 pour sa deuxième course en Malaisie, Vergne entrera dans les points à quatre reprises, toujours en huitième position. Ses 16 unités lui permettent de devancer Ricciardo, qui n’en score que 10 cette saison.


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Si l’Australien se classait mieux le samedi, le Français faisait parler son rythme et sa bonne gestion des courses le dimanche. Malheureusement, ses relations tendues avec sa direction le précipiteront vers la sortie en fin de saison 2014. Dommage, car sa première année réussie montrait clairement que Vergne avait le niveau pour une carrière plus longue en F1.

Charles Leclerc, dernier chasseur de Marcus Ericsson (2018)

Charles Leclerc (Alfa Romeo Sauber) au Grand Prix de France 2018 de F1.
Charles Leclerc n’a laissé aucune chance à Marcus Ericsson, pourtant bien expérimenté (©Sky)

Au long de sa carrière en F1 longue de cinq saisons, Marcus Ericsson a dû collaborer avec plusieurs rookies : Felipe Nasr en 2015, Antonio Giovinazzi (seulement deux Grands Prix) en 2017 et Charles Leclerc en 2018. Au final, les deux ayant disputé une saison complète face à Ericsson l’ont vaincu.

Si Felipe Nasr, troisième de GP2 Series en 2014, n’était pas spécialement attendu, le champion de F2 en 2017 Charles Leclerc avait déjà beaucoup de pression sur les épaules. Le combat semblait déséquilibré contre le pilote suédois, mais ce dernier avait tout de même disputé 76 Grands Prix avant la saison 2018, dont une avec la réglementation en cours, qui constituait une transition radicale entre les petites monoplaces de F2 et les « camions » de la F1…

Au final, ce n’est pas tant la victoire de Leclerc sur Ericsson qui impressionne, mais plutôt les chiffres. Victoire 17-4 en qualifications pour le Monégasque, 9-4 en course (lorsque les deux terminent) et 39 – 9 au niveau des points : Leclerc n’a fait qu’une bouchée de son coéquipier, lui qui découvrait pourtant la F1. Une saison excellente dans une écurie Alfa Romeo Sauber en reconstruction, qui voyait le Monégasque être logiquement promu chez Ferrari pour 2019.

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