En 2022, Lance Stroll démarre sa sixième saison en Formule 1. Ces dernières années, peu de pilotes ont autant divisé que le Canadien. Alors, mérite-t-il vraiment sa place ? Deux rédacteurs de Turn One ouvrent le débat. Votez pour donner votre avis en fin d’article !
Pierre : Lance Stroll n’a pas sa place en Formule 1
Ou devrais-je dire : Lance Stroll n’a plus sa place en F1. En arrivant dans la discipline en 2017, le Canadien a été injustement critiqué d’office. Avec le départ surprise de Valtteri Bottas pour Mercedes et la retraite de Felipe Massa (finalement rappelé), Williams se trouvait dans une impasse, alors que l’intersaison était déjà bien entamé. Si Stroll n’était pas non plus un choix évident, son CV est loin d’être repoussant : le jeune homme était alors Champion de F4 italienne et Champion d’Europe de F3. D’autres pilotes présents sur la grille aujourd’hui ont un palmarès moins clinquant en formules de promotion : Yuki Tsunoda, Sergio Pérez, Alex Albon…
Mais nous ne sommes pas là pour défendre Lance Stroll. Au contraire : il est temps pour lui de prendre du recul sur la catégorie reine du sport automobile. Aujourd’hui, Stroll est le neuvième pilote le plus expérimenté de la grille, mais son inconstance est digne des débutants. Ses performances sont de véritables montagnes russes, le Canadien étant capable du meilleur comme du pire d’un week-end à l’autre… ou même, sur un seul week-end. Auteur d’une bonne course dimanche dernier (malgré sa pénalité pour des défenses dangereuses), Stroll avait été catastrophique la veille, en terminant dans le mur des EL3 et en étant responsable d’une collision invraisemblable avec son compatriote, Nicholas Latifi.
Dans la même lignée, la saison 2020 est un exemple parfait du plafond de talent de Stroll. Dans la troisième voiture la plus rapide du plateau, le pilote est parvenu à grimper sur le podium à Monza, avant d’enchaîner six Grands Prix conclus par deux points et quatre abandons, puis de grimper à nouveau sur le podium à Sakhir. Certes, la compétition était rude cette saison, et c’est finalement McLaren qui décrochait la troisième place au classement constructeur. Mais alors que Stroll aurait dû terminer facilement dans le top dix (tant sa voiture était performante), le Canadien échouait à la onzième place, notamment derrière la Ferrari malade de Charles Leclerc et l’AlphaTauri de Pierre Gasly.
Au niveau auquel joue Stroll, ce manque de constance est très problématique. Le moindre point est importantissime pour des pilotes qui luttent pour les places d’honneur dans un championnat, et Stroll n’optimise que trop rarement son potentiel. Ses performances sont d’autant plus dérangeantes quand de très bons jeunes restent sur la touche, faute de baquets en F1. Oscar Piastri est un diamant brut, mais d’autres jeunes prometteurs auraient sans doute mériter leur chance ces dernières années : Christian Lundgaard, Callum Ilott, Robert Sharwtzman, Nyck de Vries… Stoffel Vandoorne, auteur de deux saisons pas du tout représentatives de son talent dans l’ombre de Fernando Alonso, aurait également pu prétendre à un rebond dans une autre écurie.
Vient justement l’aspect de l’équipe. Aston Martin est dans une situation extrêmement compliquée, et la présence de Stroll, qui démolit les voitures et ne performe que trop rarement, ne permettra pas à l’écurie de se sortir de cette difficulté. D’autant que Sebastian Vettel semble être plus proche que jamais de la retraite. L’heure est venue d’apporter du sang neuf dans une équipe au plus bas. Pour le moment, le projet Aston Martin est un échec cuisant, avec une chute libre de l’écurie au classement constructeur. Rien ne va plus depuis que Lawrence Stroll a repris les commandes, et cette volonté de conserver son fils n’apporte rien de positif au légendaire constructeur britannique. Au contraire, posez-vous la question : l’image que vous avez d’Aston Martin s’est-elle dégradée depuis son arrivée en F1 ? La réponse est probablement oui. Il est grand temps de procéder à du changement.
Chris : Lance Stroll mérite son volant en Formule 1
Lance Stroll, un pilote moins méritant ? Vraiment ? Depuis son arrivée en 2017, le Canadien fait débat autour de sa nomination en tant que pilote titulaire en F1. Pourtant, d’autres pilotes comme Max Verstappen, Sergio Pérez ou encore Kevin Magnussen n’ont pas eu un parcours en jeune aussi prolifique que Lance Stroll. Pourtant, leur présence en F1 ne fait absolument pas débat.
Bien évidemment, et comme beaucoup d’autres pilotes avant lui (comme Niki Lauda notamment), Lance Stroll a bénéficié d’une grande aide financière pour arriver à son but, ce qui a fortement masqué ses titres en F4 ou en F3 notamment. Ayant une image extrêmement dégradée en France, peu aidé par son compatriote Canadien Jacques Villeneuve qui ne cesse de le décrier sur Canal+, le fils de Lawrence Stroll a tout de même quelques atouts à faire valoir.
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Arrivé en 2017 dans une nouvelle réglementation avec des monoplaces difficiles à piloter, il est vrai que Lance Stroll prend son temps avant de s’habituer à sa Williams. Mais lorsqu’il débloque son compteur à domicile au Canada après un Grand Prix réussi, la carrière du numéro 18 va prendre un nouvel élan. Le week-end suivant, dans une course tumultueuse, Lance Stroll tire son épingle du jeu et inscrit son premier podium en Formule 1 sur un tracé difficile comme Bakou. Une véritable performance que son coéquipier Felipe Massa sera incapable de reproduire lors de cette saison.
Depuis, il est vrai que Lance Stroll a connu des hauts et des bas, et que son rôle de « pilote fils à papa » semble lui permettre d’avoir un baquet acquis, ce qui a le don d’agacer. Mais il est bon de rappeler qu’en 2020, dans une monoplace performante chez Racing Point, Lance Stroll réalise une première partie de saison excellente, avec un podium à Monza et de belles performances lui permettant même de viser la quatrième place du championnat du monde, soit le meilleur des autres. Malheureusement pour lui, il manque le coche, peu aidé par le Covid-19 qui le touche au Nürburgring. Il remonte tout de même sur le podium à Sakhir lors de l’avant-dernière manche de la saison, et termine onzième du championnat du monde, un résultat mal payé pour lui.
Depuis l’arrivée d’Aston Martin, il est vrai que le pilote canadien a du mal à se démarquer et se faire son trou dans la catégorie reine. Mais est-ce réellement de sa faute ? Jamais sa monoplace n’a été en capacité de jouer les premiers rôles. Bien que Sebastian Vettel ait pu briller à certaines occasions, il ne possède pas encore l’expérience de son coéquipier pour exploiter sa monoplace dans les moments difficiles. Cette saison le prouve d’autant plus, puisque même si Lance Stroll a été une nouvelle fois très critiqué lors du Grand Prix d’Australie, les déboires de Sebastian Vettel ont démontré que la monoplace anglaise est un véritable cauchemar à piloter.
Est-ce pour cela que Lance Stroll ne mérite pas sa place en F1 ? À mon humble avis, le Canadien est très souvent mis au centre de l’attention pour ses mauvais résultats, mais très peu mis en avant lorsqu’il réalise de belles performances. Son podium à Sakhir en 2020 où sa quatrième place au Qatar l’an dernier n’ont que trop rarement été cités. Malheureusement, il ne sera jamais en capacité de faire taire les critiques tant qu’il ne sera pas dans une écurie de pointe où il pourra démontrer son plein potentiel, mais aussi loin de son père. Jusqu’à présent, il a souvent été au mauvais endroit au mauvais moment, sauf en 2020, où par manque de chance, il n’a pas eu sa place dans la lutte pour être le meilleur des autres. De plus, il est bon de rappeler qu’à part 2018, Lance Stroll a toujours connu des coéquipiers coriaces à ses côtés, ce qui n’aide pas son bilan comptable, notamment en qualification, le domaine dans lequel il est le moins bon.
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