Troisième manche de cette saison 2022 de Formule 1, et direction l’Australie qui fait son retour, après deux éditions annulées à cause de la pandémie. Depuis 2019, les temps ont changé, le tracé aussi et quelques questions émergent à l’aube de ce retour à Melbourne.
Les changements au niveau du tracé apporteront-ils du spectacle ?
Pour cette saison, le circuit de l’Albert Park fait peau neuve. Nouvel asphalte, nouvelle voie des stands et nouveaux virages : il ne s’agit pas de petites modifications, mais d’une véritable métamorphose. Ces changements ont été réalisés dans le but d’améliorer le spectacle, mais après l’échec du tracé de Yas Marina, pouvons-nous garder espoir ?
Le premier virage a été élargi à l’intérieur. Un peu frustrant étant donné qu’il s’agissait de l’un des départs les plus étroits de la saison. Même chose pour les virages 3, 6 et 13 qui arrivent en bout de ligne droite, mais ceux-ci offriront la possibilité aux pilotes de prendre plus de risques. Avec des dévers retravaillés, les pilotes devraient pouvoir maintenir une vitesse plus élevée, se suivre sur une plus longue distance et emprunter des trajectoires variées dans les courbes. Le resurfaçage de la piste, qui supprime donc les bosses dans les zones de freinages, incitera également les pilotes à porter des attaques.
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Mais le changement majeur est la suppression du virage 9, qui dévoile une nouvelle ligne droite plus longue avant la chicane rapide des virages 11 et 12. Alors que Melbourne avait déjà été le premier circuit à posséder trois zones de DRS, le circuit reste pionnier, avec désormais un tracé comprenant quatre fenêtres pour l’ouverture de l’aileron arrière. Plus de possibilités de dépassement, mais aussi plus de possibles tentatives de bluffs avant les lignes de détection, décriées à Djeddah. À voir aussi si le passage de 60 à 80km/h dans la voie des stands pourra influencer la stratégie des équipes, puisque ces dernières perdront moins de temps en s’arrêtant. Bref, sur le papier, Melbourne réalise un sans-faute.
Leclerc contre Verstappen, épisode 3
Charles Leclerc a gagné la première manche, Max Verstappen la deuxième. À chaque fois, nous avons assisté à des luttes non seulement intenses, mais aussi très propres, sans dépasser les limites et sans pousser l’autre en dehors de la piste. Le tout, sans directeurs d’écurie qui hurlent dans leur radio… De la Formule 1 comme on l’aime.
Mais ce combat peut-il durer ? Le premier virage à Melbourne est plus propice au contact, bien qu’élargi, tout comme le troisième virage. Les manœuvres y sont souvent musclées, et la présence d’herbe et de gravier à l’extérieur augmente le risque de perte de temps en cas de duel trop viril. Le championnat est encore long, mais la moindre victoire peut avoir une importance capitale, que ce soit pour le championnat pilote ou constructeur. Rappelons que Red Bull a vu ses deux voitures abandonner lors du Grand Prix inaugural : le taureau doit déjà sortir les muscles pour se rapprocher de la Scuderia.
Alors, sur qui faudrait-il miser ? Sur le papier, ce nouveau tracé de Melbourne est similaire à Djeddah, avec de nombreuses portions rapides et quelques courbes très rapides. Avantage Red Bull… À moins que Ferrari conserve son avantage aérodynamique dans la fin du premier secteur et le troisième, plus lents que le reste du circuit. Bref, la pole et la victoire devraient une nouvelle fois se jouer à peu de choses.
Les numéros deux vont-ils se mêler à la lutte ?
Pour remporter un championnat constructeur, il faut être deux. Pour l’instant, Carlos Sainz et Sergio Pérez sont en retrait par rapport à leurs coéquipiers. Pour l’Espagnol, son adaptation à sa nouvelle Ferrari ne se passe pas exactement comme prévu. Après Djeddah, le Madrilène s’en voulait beaucoup de ne pas avoir pu se mêler à la victoire, et commence déjà à craindre un rôle de numéro deux. Car les cartes ne sont pas encore distribuées au sein des écuries, et là est tout l’enjeu de leur course : se démarquer et vaincre leur coéquipier pour ne pas avoir à jouer le lieutenant une fois que l’écart sera trop grand.

Après deux Grands Prix solides mais dans l’ombre de son coéquipier, Sainz veut confirmer les espoirs placés en lui, puisqu’il avait terminé l’exercice 2021 devant son coéquipier. Pour Pérez, le constat est bien différent. Le pilote Red Bull n’a pas eu de chance sur ses deux premières courses. Bien qu’un peu largué par les autres hommes de tête à Bahreïn, sa monoplace le trahissait alors qu’un podium était à sa portée, après l’abandon de son coéquipier. Il s’est rattrapé sur sa vitesse en signant la pole en Arabie saoudite, sa première en carrière. Mais le crash de Nicholas Latifi, mêlé à une voiture de sécurité et le bluff de Ferrari un tour plus tôt, n’ont pas permis au Mexicain de revenir sur le duo de tête. Sa chance va-t-elle tourner ?
Concernant les résultats précédents, Pérez n’a jamais fait mieux que 7e en Australie, et a terminé dans les points à seulement quatre reprises (en neuf participations). Quant à Sainz, s’il est régulier dans les points à Melbourne, il n’y a jamais étincelé. Pour leur premier rendez-vous australien dans des voitures de pointe, les hispanophones auront fort à faire.
Mercedes et McLaren doivent se relever
Il y a deux semaines, les deux pilotes Mercedes se sont montrés très surpris de leur rythme : George Russell d’être arrivé aussi loin du vainqueur (malgré la safety car), et Lewis Hamilton du fait que le point de la dixième place compte pour le championnat. Ironique ou non, ces deux sentiments traduisent bien la perdition totale des Flèches d’argent en ce début de saison. Si des rumeurs faisaient état de nouvelles pièces pour l’Australie, rien n’a encore été confirmé : la réponse sera connue vendredi matin. Mais difficile d’imaginer que les monoplaces grises joueront avec les Ferrari et les Red Bull dès ce week-end.
Si la situation est rattrapable pour la marque allemande, la mission parait plus difficile pour McLaren. Lando Norris a terminé 15e et 7e, et Daniel Ricciardo 14e à Bahreïn avant d’abandonner en Arabie saoudite : le début de saison est un véritable cauchemar, après les podiums et le succès de 2021. La pause de quinze jours doit avoir permis à l’écurie de trouver des solutions pour ses problèmes de freins et d’adhérence. Sur un circuit aux caractéristiques proches de Djeddah, repensé notamment par Ricciardo (qui a apporté son aide aux organisateurs du Grand Prix) qui retrouvera son public local, McLaren doit poursuivre sur la lancée positive d’il y a deux semaines. Attention tout de même à ne pas s’emballer, puisque ce résultat de Norris était assez inespéré, et est grandement dû aux abandons survenus devant lui.
Haas et Alfa Romeo ont faim de points
Bien aidées par un moteur Ferrari canon, Haas et Alfa Romeo ont également le mérite de ne pas avoir raté leur châssis. Surprenant 5e puis 9e, Kevin Magnussen ne cesse d’épater la galerie depuis son retour. Fiable, rapide et souriant, le Danois symbolise le retour en force de « son » écurie. En Australie, Magnussen a signé son seul podium en carrière (en 2014), et était proche de réaliser un exploit avec Haas en 2018, si sa roue ne s’était pas détachée à la sortie de son stand. Une piste qu’il aime, sur laquelle tout sera possible.

Même histoire pour Bottas, dont le transfert chez Alfa Romeo sera peut-être le transfert de l’année. Pour le moment, le Finlandais est convaincu d’avoir fait le bon choix. Dans un environnement plus propice à son épanouissement et loin de l’ombre de Lewis Hamilton, Bottas enchaîne les belles performances et tient tête à son ancienne écurie. De l’autre côté du garage, Guanyu Zhou est loin d’être ridicule. Alfa Romeo semble avoir trouvé la recette : pourvu que ça dure chez les Suisses.
Cependant, deux avertissements laissent planer le doute. Chez Haas, il se nomme Mick Schumacher. Loin de son coéquipier en qualification, il a aussi été coupable d’une violente sortie de piste, certes également due à la hauteur des vibreurs. Mauvais coup de volant, mais aussi, peut-être, une voiture encore difficilement maniable. Quant à Alfa Romeo, la fiabilité n’est pas encore au rendez-vous de 2022. L’abandon de Bottas en Arabie saoudite, alors que de gros points étaient accessibles, et les problèmes de transmission de Zhou sur les deux premiers départs de la saison doivent trouver des réponses.
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