Bien que championne des constructeurs la saison passée, Mercedes garde un goût amer de cette saison 2021 où elle n’a pas remporté les deux titres de champion du monde, une première depuis 2013. L’équipe de Brackley profite de cet hiver pour repartir de zéro, avec comme seule et unique ambition de reconquérir les deux couronnes. Avec Lewis Hamilton et l’arrivée de George Russell, l’écurie allemande n’a pas le droit à l’erreur.
Fiche Technique :
- Nom complet : Mercedes-AMG Petronas F1 Team
- Localisation : Brackley (Royaume-Uni)
- Pilotes : Lewis Hamilton / George Russell
- Directeur sportif : Toto Wolff
- Classement 2021 : 1er (28 podiums dont 9 victoires, 613,5 points)
2021, le premier genou a terre chez les gris
L’an passé, Mercedes a connu sa première désillusion en perdant le titre pilote au profit de Max Verstappen chez Red Bull, dans une saison aussi longue qu’éprouvante. Lewis Hamilton, en chasse pour battre le record de Michael Schumacher en obtenant un huitième titre mondial, n’a pas réussi à réaliser cet exploit et compte bien revenir encore plus fort cette saison. Le Britannique à d’ailleurs remporté, à Sotchi, sa centième victoire en Grand Prix. Un record qui n’est pas prêt d’être égalé.
Mais pour la première fois depuis le début de l’ère hybride, Mercedes a montré des signes de faiblesses dans l’adversité. Parfois en manque d’inspiration sur la stratégie comme au Castellet, ou avec des erreurs en course lorsque Lewis Hamilton tire tout droit au restart de Bakou. Tous ses petits éléments inhabituels ont laissé la porte ouverte à Red Bull, qui ne s’est pas faite prier pour récupérer son dû. L’élève modèle a fini par chuter après sept saisons de règne sans partage.
Cependant, ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Mercedes compte bien revenir en haut du tableau, et s’est donnée les moyens pour. Armée d’une nouvelle paire de pilote qui semble plus que déterminée et avec l’ambition de reprendre sa couronne, il ne faut surtout pas penser que Mercedes compte abdiquer dans ce combat. Le point d’interrogation réside tout de même sur le retard accumulé à préparer cette saison 2022, compte tenu du développement qui a dû continuer plus longtemps que prévu la saison dernière pour l’Étoile.
Le duo de pilotes

Présent depuis 2013, Lewis Hamilton reste dans l’écurie de Brackley après avoir fait planer le doute sur son avenir en F1 durant l’hiver. Plus que jamais revanchard, le Britannique ne compte pas se laisser abattre et est prêt à en découdre pour cette nouvelle saison. Victorieux de 103 Grands Prix, il reste le favori de cette saison, malgré un exercice 2021 qui semble l’avoir tout de même émoussé psychologiquement. Lui qui avait tout mis en place cette année en décrochant presque tous les records, en signant sa centième pole position et sa centième victoire, s’est vu détrôné par son rival Max Verstappen lors du dernier tour du Grand Prix d’Abou Dabi. Malgré tout, Lewis Hamilton a toujours su rebondir dans sa carrière, et d’autant plus dans les moments difficiles. Après un hiver passé loin des réseaux sociaux accompagné d’un long silence, le numéro 44 compte bien faire parler de lui sur la piste.
De l’autre côté du garage, Mercedes a remercié Valtteri Bottas pour accueillir la nouvelle attraction du paddock : George Russell. Immense talent en devenir en F1, Mercedes l’avait précieusement placé chez Williams lors des trois dernières saison, lui offrant même une pige à Bahreïn pour remplacer Lewis Hamilton en 2020 (qui s’était soldée par ses premiers points en F1, à une crevaison de la victoire). Finalement pour le Britannique, cette arrivée chez Mercedes sonne comme un retour à la maison, lui qui est soutenu par l’écurie allemande depuis 2017. Fort d’une progression notable saison après saison, le numéro 63 s’est montré intraitable en qualifications, n’étant battu qu’à trois reprises dans cet exercice en trois ans. De plus, cette saison aura marqué l’histoire de George Russell, qui a scoré ses premiers points lors du Grand Prix de Hongrie, le voyant même verser quelques larmes à l’arrivée. Quelques semaines plus tard, il signe, dans une atmosphère particulière, son premier podium en F1 à Spa-Francorchamps, lui qui avait réalisé une qualification sensationnelle sur le tracé belge. Toutes les conditions ont été réunies par ramener le jeune espoir britannique chez les gris. La question reste de savoir s’il sera capable de gérer la pression des résultats (chose qu’il est parvenu à faire jusqu’ici), mais surtout s’il jouera le rôle de coéquipier modèle, comme l’a fait son prédécesseur depuis 2017. Sur ce point-là, les doutes sont permis.
Ce qui a changé durant l’hiver
Mercedes ne fait pas exception au changement de réglementation, et a dû repartir d’une feuille blanche pour dessiner sa nouvelle monoplace. Ce bouleversement a vu également bon nombre d’ingénieurs changer d’écuries, notamment en allant chez le rival Red Bull. Cette bataille du personnel, bien plus discrète que sur la piste, fait pourtant partie des luttes les plus intenses en Formule 1.
Aston Martin, Red Bull et Mercedes ont d’ailleurs conclu un accord sur les « pillages » d’ingénieurs entre les écuries, pour éviter de se retrouver dans des situations délicates. Un autre point important cet hiver chez Mercedes, c’est le retrait de Bose, pourtant partenaire de Mercedes depuis 2015. La solidité des casques a été mise a rude épreuve lors de la manche de Jeddah, lorsque Toto Wolff avait pulvérisé son casque contre sa table après un incident entre Max Verstappen et Lewis Hamilton. Epson quitte également le navire, contrairement à Petronas qui avait pourtant été pressenti sur le départ durant l’automne.
La grande nouveauté chez Mercedes réside donc dans le fait d’avoir changé son line-up avec l’arrivée de George Russell et le départ de Valtteri Bottas. En place depuis 2017, la régularité avait permis à l’équipe de remporter tous les trophées, excepté le titre pilote de 2021. Ce n’est que la deuxième fois en huit saisons que Mercedes aligne un nouveau pilote dans sa monoplace. Fait encore plus surprenant, George Russell n’est que le cinquième pilote à intégrer l’écurie de Brackley depuis son retour en 2010. À titre de comparaison, cela est moins qu’Alpine (ex-Renault), qui a aligné sept pilotes différents depuis son retour en 2016.
Les objectifs pour 2022
Pour cette nouvelle saison, l’objectif est clair pour Mercedes : remporter les deux titres mondiaux. Evidemment, avec la nouvelle règlementation et tous les nouveaux concepts aérodynamiques, il est encore impossible de prédire qui sera capable de jouer le titre en 2022. Mais avec tous les moyens mis en place, et surtout avec une telle domination depuis 2014, ce serait un échec pour les gris de repartir bredouille dans cette nouvelle saison.
Mais en Formule 1, tout est possible, et chaque période de suprématie a connu sa fin après une nouvelle règlementation. Ferrari s’est vu contraindre à jouer les places d’honneur en 2005 et Red Bull avait également connu une petite désillusion en 2014 avec l’intégration des moteurs hybrides. Serait-ce la fin de l’ère Mercedes ? La réponse n’aura lieu que sur la piste.
Autre facteur à gérer cette saison pour l’écurie de Brackley : l’intégration de George Russell au sein de l’écurie. L’Anglais a attendu longtemps avant de se retrouver dans cette position, et une chose est sûre, il voudra performer directement. En interne, avoir deux pilotes très performants peut parfois donner lieu à quelques étincelles. L’exemple le plus récent avec Charles Leclerc et Sebastian Vettel en 2019 avait fait couler beaucoup d’encre. Lewis Hamilton a déjà connu des périodes compliquées avec des coéquipiers, notamment avec Fernando Alonso en 2007 ou Nico Rosberg entre 2014 et 2016. Il s’agit d’un autre élément inconnu, que Mercedes ne devra pas négliger car en cas de lutte pour le titre, chaque détail compte dans une équipe.
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